Formation des prix, fiscalité et dialogue social : la plate-forme CFDT balaie les principales thématiques de la vie chère en Outre-mer. Sujet majeur s'il en est dans ces départements où des mobilisations massives ont mis au jour l’échec des mesures d’urgence édictées dans l’optique d’apaiser les tensions… et qui ne règlent en rien les questions de fond.
D'ailleurs, François Chérèque dénonce la persistance d’un système où « les pouvoirs économiques et politiques mettent en avant une analyse convenue et taillée sur mesure pour des acteurs économiques, qui, si l’on revoyait le système de fond en comble, verraient bouger leur situation confortable ». S’appuyant sur une étude de Syndex réalisée en 2009 à La Réunion et en Martinique, il pointe l’opacité « quasi institutionnalisée » d’un modèle hérité des comptoirs coloniaux, « une fiscalité à bout de souffle » et « un système de monopole déterminant la fixation des prix ».
Notion de produits de première nécessité
Dès lors, la plate-forme commune plaide en faveur de l’instauration d’un prix plafond des produits de première nécessité, qui ne sont pas que des produits alimentaires mais aussi l’énergie et les télécommunications. Encore faudrait-il que l’État utilise son droit (prévu par la loi Jégo de mai 2009) de réglementer par décret le prix de vente desdits produits. Signe encourageant, toutefois, les révélations de Syndex quant à la pratique de marges excessives sur les prix ont conduit à La Réunion à une baisse des tarifs des télécommunications. Un résultat qui par là même confère à la CFDT de La Réunion le statut d’interlocuteur incontournable pour le dossier de la vie chère.
Mais sur d’autres points, le chemin semble encore long – notamment en matière de fiscalité. Les organisations des Dom sont unanimes quand il s’agit de demander la révision du système d’exonérations fiscales pour les entreprises, aujourd’hui conditionné à des effets de seuil. « Structurants d’un point de vue économique à travers le développement de TPE, les effets de seuil favorisent le développement des inégalités en liant l’octroi des exonérations à des seuils tels que le nombre de salariés (moins de onze) ou un niveau de Smic (1,4 Smic), détaille la plate-forme. Ces conditions induisent de fait une absence d’instances représentatives du personnel et une trappe à bas salaires. Ces critères doivent être revus » et conditionnés au dialogue social et à la création d’emplois, dans ces territoires où le taux de chômage frôle les 30 %.
Selon Jean-Jacques Manach, le délégué Dom à la Confédération, la présentation de cette plate-forme n’est pas un aboutissement mais une étape du travail engagé en 2009. « Au départ, la Confédération avait simplement demandé un rapport d’étude à Syndex. Au vu des premiers éléments d’analyse, il est apparu indispensable d’aller au-delà et de fixer un plan de travail plus large avec des échéances précises qui associeraient à chaque étape la Confédération, les syndicats associés et Syndex. »
Des militants formés à la problématique vie chère
La formation de militants des Dom à la problématique de la vie chère, assurée par la Confédération, a déjà permis à une centaine d’entre eux de « découvrir la problématique de la vie chère sous un angle nouveau, qui dépasse le triptyque insularité-éloignement-octroi de mer », insiste Jean-Jacques. Un atout de poids dans la perspective de négocier des avancées à l’échelon local et de contribuer à construire un autre modèle de développement économique.